Le biais du survivant

Le biais du survivant

1Le biais du survivant désigne notre difficulté à interpréter un phénomène si nous n’utilisons que les données issues des succès (survivants) sans intégrer les données provenant des échecs, plus difficilement disponibles. 

2Lors de la Seconde Guerre mondiale, le mathématicien Abraham Wald participait à une mission de recherche pour améliorer la résistance des bombardiers aux attaques anti-aériennes. Alors que ses collègues se concentraient sur les zones touchées par les balles ennemies, Abraham Wald renversa la logique, démontrant ainsi le biais du survivant. Puisque les seules données disponibles provenaient d’avions ayant réussi à rentrer à la base, les zones touchées sur ces avions n’étaient par définition pas “mortelles”. En revanche, les zones intactes sur ces mêmes avions étaient probablement “mortelles” une fois touchées puisqu’aucun avion endommagé de cette façon n’était parvenu à rentrer à la base. 

3Ainsi, en nous limitant aux données fournies par les survivants, nous ne prenons pas en compte les échecs. Lorsqu’il s’agit de décisions importantes, ce biais peut avoir des effets négatifs importants :

  • Nous faisons preuve d’un optimisme sans lien avec la réalité.
  • Nous passons à côté de données cruciales.
  • Nous établissons des liens de cause à effet erronés.

4Le biais du survivant est particulièrement présent dans le monde des startups. L’exemple le plus frappant concerne les milliardaires de la tech qui ont arrêté leurs études pour créer leur entreprise. Certes, Steve Jobs (Apple), Mark Zuckerberg (Meta, ex-Facebook) et Bill Gates (Microsoft) ont fait ce choix audacieux mais quid des myriades de jeunes entrepreneurs non diplômés dont nous n’avons jamais entendu parler puisqu’ils ont échoué ? 

5Ce biais s’applique aussi à bien d’autres secteurs. Dans l’industrie, la musique ou le cinéma, nous avons souvent l’impression que “c’était mieux avant” : pépites techniques, chansons éternelles, chefs-d’œuvre du cinéma… Mais qui se souvient encore des épouvantables navets des années 70, des pires chansons de Sheila ou des voitures à trois roues ? Eh oui, nous n’avons retenu que le meilleur : les survivants

6Trois réflexes peuvent nous aider au moment de prendre une décision : 

  • Chercher l’invisible : ne pas se contenter des données disponibles et se demander ce qui “manque”.
  • Sélectionner ses sources : s’assurer que les non-survivants figurent en bonne place.
  • Prendre le temps : interpréter soigneusement les données “manquantes”.

7Le biais du survivant est renforcé par notre irrésistible attrait pour les stars et les “histoires à succès”, pourtant rarissimes et donc statistiquement peu fiables. Les échecs, tout aussi innombrables qu’obscurs, sont bien plus riches d’enseignements, aussi peu glamour soient-ils.


La leçon à tirer 

Inutile de se ruer sur la biographie de Jeff Bezos ou d’Elon Musk, pour savoir comment réussir…

Pour aller plus loin


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