1Le “moment Minsky” désigne ce point où les marchés s’effondrent, lorsque des investisseurs surendettés se trouvent dans l’obligation de vendre rapidement leurs actifs, afin récupérer des liquidités et de rembourser leurs dettes. La baisse est aussi rapide qu’inexorable.
2Ce phénomène porte le nom de l’économiste américain Hyman Minsky (1919 – 1996), professeur à la Washington University à St. Louis. Marqué par la grande dépression de 1929, il a consacré l’essentiel de ses travaux à l’analyse des crises financières.
3Selon Minsky, le cycle des crises se décompose en 4 étapes :
- Après une crise, les banques sont très prudentes dans leur allocation de crédit.
- La prospérité retrouvée semblant durable, les banques consentent des prêts de plus en plus risqués.
- Les emprunts finissent par excéder les revenus des investisseurs, qui deviennent insolvables.
- Afin de rembourser les banques, les investisseurs doivent vendre leurs actifs, même non spéculatifs : les marchés baissent, les besoins de liquidités augmentent (moment Minsky). C’est la crise et on recommence.
4Isolé, à contre-courant du néolibéralisme des années 80, Hyman Minsky a toutefois vu ses théories connaître un regain d’intérêt au moment de la crise financière de 2008. On se demande bien pourquoi…
5Dans son ouvrage Stabiliser une économie instable (1986), Hyman Minsky développe « l’hypothèse d’instabilité financière » : si tout va bien (croissance stable), alors les investisseurs prennent plus de risques pour gagner plus d’argent. Ces risques conduisent à la crise (voir plus haut) et donc à l’instabilité. Conclusion : la stabilité engendre l’instabilité.
Stability is destabilizing.
6Plus la stabilité est longue, plus la déstabilisation sera profonde, et plus le choc sera violent. Au final, ce sont les Etats et les banques centrales qui interviennent lorsque la crise devient trop dangereuse. C’est ce qui nous a évité de revivre une grande dépression en 2008.
7A l’encontre d’une réaction émotionnelle et court-termiste, l’analyse contre-intuitive de Minsky apporte une clef de lecture utile pour chacun d’entre nous et pour nos gouvernements. Il n’y a plus qu’à se préparer pour l’inévitable prochaine crise…
La leçon à en tirer
Laissons le dernier mot au fameux investisseur Warren Buffet : “be fearful when others are greedy, be greedy when others are fearful”.
Pour aller plus loin
- Minsky l’hérétique | Cairn.info
- Un dernier p’tit sou, extrait du film référence sur la spéculation “Le sucre”
- Dans un genre plus anglo-saxon mais sur le même thème, l’extrait de Margin Call. Pour le plaisir de revoir la géniale interprétation de Jeremy Irons “when the music stops”.
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