1. Le perfectionnisme consiste à vouloir se présenter aux autres (ou à soi-même) comme étant une personne parfaite. Et les “Parisiens” (symboliques) figureraient parmi les champions du monde de cette catégorie !
2. C’est du moins le constat que dresse Katherine Morgan Schafler, ancienne psychanalyste en résidence chez Google, dans son livre The Perfectionist’s Guide to Losing Control. Après plusieurs années de travail avec des profils de haut niveau à New York et en Californie, elle a identifié cinq formes de perfectionnisme dont le “perfectionnisme à la parisienne”.
3. Ce type de perfectionnisme se distingue par l’obligation de plaire à son entourage (”people pleaser”), l’espoir d’être apprécié en retour, et surtout, par ce qui nous rend unique : notre volonté de faire croire que toute cette perfection ne demande aucun effort !
“Moi, parfaite ? Ah bon, vraiment ? Mais je suis né(e) comme ça !”
Or, si le perfectionnisme n’est pas l’apanage des “Parisiens”, nous serions en revanche les seuls à être sommés d’atteindre la perfection sans effort apparent. A l’inverse, les Japonais, pourtant réputés pour être les plus perfectionnistes au monde, valorisent les efforts déployés pour atteindre cette divine perfection.
4. Le “perfectionnisme à la parisienne” côtoie quatre autres types universels de perfectionnismes.
- Le perfectionnisme intense : la recherche du succès à tout prix en maximisant ses efforts.
- Le perfectionnisme classique, la forme la plus connue : l’atteinte de la perfection par l’extrême organisation et la volonté de maîtriser son environnement.
- Le perfectionnisme velléitaire (procastinator perfectionist) : la personne attend que les conditions soient idéales pour passer à l’action, et reste à attendre, attendre…
- Le perfectionnisme brouillon : très enthousiaste au démarrage d’un projet, la personne a du mal à gérer la suite, loin d’être à la hauteur de son désir de perfection.
5. Le “perfectionnisme à la parisienne” fait des merveilles dans la vie sociale car il procure une sorte de “joie” typique de l’art de vivre à la française. Revers de la médaille : il laisse souvent peu de place à l’épanouissement personnel. Pour éviter les conflits (puisqu’il faut plaire aux autres), le perfectionniste s’effacera devant l’opinion du groupe lorsqu’une décision doit être prise, quitte à renoncer à ses propres envies.
6. Poussée à l’extrême, cette volonté de privilégier les relations interpersonnelles peut devenir toxique. Pour se protéger, le perfectionniste parisien devra apprendre à davantage affirmer ses envies et surtout exprimer ses attentes vis-à-vis de son entourage.
7. Le “perfectionisme à la parisienne” ne doit pas être pris à la légère. Selon les études de Thomas Curran, professeur à la London School of Economics, le perfectionnisme a augmenté d’un tiers entre 1989 et 2016 aux Etats-Unis, au Canada et au Royaume-Uni. Pour Thomas Curran, c’est justement le “socially prescribed perfectionism” (la traduction scientifique du “perfectionnisme parisien”) qui serait responsable de cette croissance continue de la recherche de perfection. Un phénomène accru chez les jeunes générations.
La leçon à tirer
Allez expliquer à une Américaine que ”non, vraiment, c’est inconcevable” d’aller chercher son pain (ou un café pour s’adapter aux mœurs locaux) sans être maquillée, coiffée, voire juchée sur des talons quand c’est la mode… “Et si on croisait la gardienne ?”
Pour aller plus loin
- L’article Perfectionism, a bad thing? – Financial Times
- Le livre The perfection trap de Thomas Curran
- Le test Get your perfectionist profile de Katherine Morgan Schafler
- La vidéo What kind of perfectionist are you?
- La série Emily in Paris, le perfectionnisme parisien vu par Hollywood
Cet article vous a plu ? N’hésitez pas à le faire suivre à vos amis… Vous pouvez aussi vous abonner à notre Newsletter pour recevoir nos articles directement dans votre boîte mail chaque vendredi.