L’effet “peak-end”

L’effet “peak-end”

1L’effet “peak-end rule” désigne un biais cognitif affectant nos souvenirs : nous ne mémoriserions que les quelques moments forts d’une expérience, notamment sa fin, et non l’intégralité de ce que nous avons réellement vécu.

2Ce biais s’explique par le fonctionnement de notre mémoire qui enregistre des séquences de souvenirs et non un ensemble. Ainsi, notre cerveau retient plus facilement deux types d’événement : 

  • les séquences à forte intensité émotionnelle
  • la séquence de fin 

3Les psychologues Barbara Frederickson et Daniel Kahneman, spécialistes des biais comportementaux, ont été les premiers à identifier cet effet. Dans leur étude When More Pain is Preferred to Less: Adding a Better End, ils démontrèrent les failles de notre mémoire, aisément influençable et manipulable. Dans son best-seller mondial “Thinking, fast and slow”, Daniel Kanheman, depuis devenu prix nobel d’économie en 2002, consacre également un chapitre à l’effet “peak-end”. 

4Pour apporter la preuve de cet effet, Frederickson et Kahneman procédèrent au test de la main dans l’eau froide. Pour les besoins de cette étude, un même groupe de participants a vécu deux versions d’une même expérience désagréable. 

  • Première version : les participants maintenaient leur main dans une eau à 14° pendant 60 secondes. 
  • Seconde version : les participants maintenaient toujours leur main dans une eau à 14° pendant 60 secondes, puis 30 secondes supplémentaires dans une eau à 15°. 

Étonnamment, les participants préféraient revivre la seconde expérience, même si le désagrément durait objectivement 30 secondes de plus. Mais la fin était plus agréable… si l’on peut dire. Le test de la main dans l’eau froide représente l’exemple le plus célèbre de l’effet “peak-end”. 

5L’effet “peak-end” s’applique à bien des aspects de notre vie courante, sans que l’on en ait toujours conscience. Quelques exemples :

  • Les relations amoureuses : même si un couple a vécu de longs moments de bonheur, si la rupture est douloureuse, ce moment deviendra le souvenir principal de cette relation. 
  • Le shopping : le geste commercial (souvent insignifiant) ou le petit “cadeau” remis à la caisse nous laissera un bon souvenir qui pourra nous faire oublier une expérience globalement décevante. 

6Il est important de bien connaître l’effet “peak-end” car il peut biaiser notre jugement et nous faire prendre de mauvaises décisions. Exemple classique : la visite chez le dentiste. Nous ne retenons que les moments désagréables, ce qui nous décourage de reprendre rendez-vous. Au risque de souffrir plus à l’avenir…

7Bien maîtrisé, l’effet “peak-end” peut pourtant jouer en notre faveur, d’abord en nous permettant de reprendre le contrôle de nos souvenirs et de nous libérer de ces mauvais moments qui n’ont pourtant duré qu’un instant. Enfin, nous pouvons concevoir des expériences rythmées par un moment fort et surtout une fin positive. 


La leçon à retenir

C’est simple finalement : un moment fort et une bonne fin. Ce ne serait pas la recette des films hollywoodiens ? 

Pour aller plus loin


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