L’équation de Kaya

L’équation de Kaya

1L’équation de Kaya (ou identité de Kaya) désigne une formule mathématique utilisant quatre paramètres pour expliquer le volume total de nos émissions de gaz à effet de serre et donc les causes du réchauffement climatique.

2Spécialiste de l’économie de l’énergie et de l’environnement, le professeur japonais Yoichi Kaya a théorisé son équation dès 1993 dans son ouvrage Environment, Energy, and Economy : strategies for sustainability. On ne peut donc pas lui reprocher d’avoir attendu que le réchauffement climatique fasse la Une des journaux pour s’intéresser au sujet.

3Selon le professeur Kaya, le volume des émissions de gaz à effet de serre dépend de quatre paramètres :

  • Le mix énergétique (intensité carbone de l’énergie)
  • L’efficacité énergétique (intensité énergétique de la production)
  • La taille de la population (population)
  • Le Produit Intérieur Brut par personne (PIB par habitant)Source : Hellocarbo.com

4Commençons par les deux paramètres “techniques” au centre de la transition écologique : le mix énergétique et l’efficacité énergétique.

  • Le mix énergétique (ou intensité carbone) : il s’agit de la répartition des sources d’énergie primaire que nous utilisons. Plus nous utilisons des énergies fortement carbonées (comme le pétrole ou le charbon), plus nous augmentons nos émissions de gaz à effet de serre. Inversement, plus nous avons recours à des énergies bas carbone (comme les énergies renouvelables), plus nous limitons les émissions de gaz à effet de serre. Simple, basique, comme dirait Orelsan. Rappelons que, selon l’AIE, la part actuelle des énergies primaires carbonées dans le monde se situe à environ 80 %.
  • L’efficacité énergétique : il s’agit de la consommation d’énergie nécessaire pour produire un même effet, à mix énergétique constant. Par exemple, pour obtenir 19 degrés dans une pièce, je dois consommer plus d’énergie (mix constant) si j’habite une passoire thermique. Idem pour les déplacements en voiture : il sera plus efficace de rouler avec un véhicule qui consomme moins de litres de carburant au 100 km. 

Rappelons qu’en 30 ans, la consommation moyenne d’un véhicule à essence en France n’a diminué que de 1,31 litre au 100 kilomètres (8,68 litres en 1990 contre 7,31 litres en 2019). Source : Comité Constructeurs Français d’Automobile.

5Les deux autres paramètres identifiés par le professeur Kaya ne sont pas techniques mais “humains”. Donc plus polémiques car ils remettent directement en question nos choix de vie.

  • La taille de la population : plus nous sommes nombreux sur la planète, plus nous émettons de gaz à effet de serre. Or, selon les Nations Unies, la population mondiale devrait atteindre 8 milliards de personnes dès novembre 2022, puis 10,4 milliards en 2100.
  • Le Produit Intérieur Brut par personne : plus nous créons de PIB par personne, plus nous utilisons d’énergie et, donc, plus nous émettons de gaz à effet de serre.

6L’équation de Kaya nous permet de mieux comprendre les causes de l’augmentation continue des gaz à effet de serre.

Selon le GIEC, au cours de ces quatre dernières décennies, nous avons réussi à obtenir des gains énergétiques liés aux facteurs “techniques” (mix et efficacité énergétiques). Toutefois, les facteurs “humains” (augmentation de la population mondiale et du PIB par personne) ont pesé davantage – à la hausse – sur les émissions de gaz à effet de serre.

7L’équation de Kaya a pour principal mérite de relier les facteurs principaux du réchauffement climatique. Ce sont les travaux communs de spécialistes (démographes, économistes, scientifiques, énergéticiens…) qui permettent de comprendre l’ensemble du problème posé et de pouvoir mieux y répondre. Merci qui ? Merci Kaya !

La leçon à tirerMême quand on est nulle en maths, une bonne équation, ça remet les idées en place. Pour aller plus loinLe calcul de l’équation de Kaya, détaillé par Jean-Marc JancoviciEarth for all, le dernier ouvrage de Yoichi KayaKaya de Bob Marley : rien à voir mais pour le plaisir de réécouter l’album de 1978