1Le concept de dumb cities est à opposer à celui de smart cities, ces villes où tout est géré et contrôlé par l’informatique et l’Intelligence Artificielle. Les “dumb cities” sont donc des villes fonctionnant sans l’apport des “nouvelles” technologies.
2Les smart cities posent des questions cruciales :
- Politiques et éthiques : comment sont utilisées les données relevées par les capteurs et autres dispositifs de “tracking” ?
- Économiques : que se passe-t-il si les chaînes logistiques sont rompues pour s’approvisionner en micro-processeurs et autres dispositifs, notamment pour remplacer des équipements défaillants ?
- Géopolitiques : comment prévenir les risques de hacking des infrastructures et dispositifs essentiels, par une nation ennemie par exemple ?
- Techniques : comment gérer l’obsolescence sur le plan matériel comme logiciel ? Capteurs, applications et, même, compétences… Rien ne vieillit plus mal que la technologie.
3Les risques de pénuries, de guerres et de catastrophes climatiques, que nous expérimentons aujourd’hui, mettent en évidence les vulnérabilités des smart cities,ainsi que les dépendances induites, notamment en matière de ressources naturelles disponibles en quantité limitées.
4L’idée des dumb cities est d’utiliser la nature et nos cerveaux, excellentes machines avec plein de capteurs naturels et d’Intelligence non artificielle.
5Il s’agit ici de faire appel à des technologies ancestrales ou biomimétiques, ayant fait leurs preuves et tirant profit de la nature tout en la respectant. Si une technologie efficace n’implique ni électricité ni électronique, pourquoi ne pas en bénéficier ?
“Nature is smart, and our ancient wisdom tells us how to live with nature in a smart way.”
Prof Kongjian Yu
6Quelques exemples :
- les “villes-éponges” de Yu Kongjian, architecte chinois, qui, loin de lutter à coup de digues ou de capteurs contre les inondations, propose d’aménager la ville pour que l’eau puisse être naturellement absorbée : jardins conçus pour se transformer en marais, trottoirs perméables pour que l’eau s’évacue tout en étant retenue et utilisée, toits jardins, etc.
- la “capture” de l’eau dans des zones agricoles très arides, par de simples petites fosses semi-circulaires creusées dans la terre, empêchant le ruissellement des rares eaux de pluie, et grâce auxquelles les graines pourront germer. Ultra simple, ultra efficace. L’un des mes exemples préférés tant il est spectaculaire !
- la construction de bâtiments sur des modèles issus de la nature, tel que l’Eastgate Centre d’Harare, au Zimbabwe, s’inspirant du système de ventilation des termitières, pour une climatisation naturelle.
7Ces technologies sont disponibles dans les différentes cultures ancestrales qui enrichissent notre monde. Reste à savoir si nous aurons le temps d’en bénéficier avant qu’elles ne disparaissent…
La leçon à retenir
Comme le disait mon grand-père, “les anciens savaient” : des décennies, des siècles d’expérimentation, au prix de leur vie parfois, leur avaient appris à tirer la leçon de leurs erreurs et de leurs succès, et à la transmettre…
Pour aller plus loin
- Julia Watson. Lo—TEK. Design by Radical Indigenism – TASCHEN Books
- Makoko Floating School, beacon of hope for the Lagos ‘waterworld’ – a history of cities in 50 buildings, day 48
- Inside Makoko: danger and ingenuity in the world’s biggest floating slum | Cities | The Guardian
- Home – Justdiggit
- Les Sponge-city, le modèle chinois pour lutter contre les inondations – Les Éclaireurs
- Greener pastures: Can ancient eco-engineering help fix our degraded landscapes? – CNN
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