Et si le plus grand fournisseur mondial de haute-technologie était en réalité un sous-traitant taïwanais aussi méconnu que puissant ?
1Sous-traitant, donc peu connu du grand public, le taïwanais Foxconn est un groupe industriel spécialisé dans la fabrication de composants et produits électroniques pour des clients tels que Apple, Nintendo, Microsoft, Sony, etc. La liste est longue : vous avez forcément eu entre les mains quelque chose qui a été fabriqué par Foxconn.
2Un chiffre d’affaires digne des GAFA. Porté par la révolution digitale, Foxconn a multiplié par plus de 8 son chiffre d’affaires, de 21,54 milliards de dollars en 2005 à 178,16 milliards en 2019 (soit plus qu’Apple avec 111,4 milliards de dollars en 2020).
3Foxconn emploie environ 1,3 million de personnes dans le monde entier dont 1,2 million en République Populaire de Chine. Les conditions de travail dans ses usines ont fait l’objet de controverses graves : horaires extrêmes, maltraitances, suicides, accidents, substances toxiques…
4Après le digital et les jeux vidéo, Foxconn se tourne aujourd’hui vers l’automobile, en concluant des alliances pour fabriquer des tableaux de bord connectés, des dispositifs de connectivité… mais aussi des véhicules électriques.
5Un sous-traitant qui sous-traite. Foxconn lui-même sous-traite 70 % de sa production en Chine. Des clients américains, des usines de fabrication et d’assemblage en Chine, Foxconn est le trait d’union technologique entre les USA, la Chine… et le reste du monde.
6Foxconn se retrouve donc pris au piège de la guerre commerciale USA-Chine. Pour s’en extraire, Foxconn diversifie ses lieux de production, hors Chine. Un véritable exercice d’équilibriste : éviter les droits de douane imposés par les USA sur les produits fabriqués en Chine et ne pas perdre ses capacités de production en Chine.
7Foxconn entre le marteau chinois et l’enclume US. La Chine, privée de l’accès aux dernières technologies par les sanctions américaines, cherche à accroître son indépendance technologique, en débauchant les cerveaux des fleurons taïwanais comme Foxconn, souvent formés aux Etats-Unis. En réaction, Taïwan vient d’interdire à ses ingénieurs et ouvriers de haute technologie d’accepter des emplois en Chine. Revers de la médaille, Foxconn se retrouve dans l’œil du cyclone qui plane au-dessus du détroit de Taïwan, entre les intérêts stratégiques chinois et américains.
La leçon à retenir
Notre double dépendance à la production chinoise et à la haute technologie taïwanaise a été cruellement mise en lumière par la pandémie… L’équilibre de notre monde se joue en grande partie dans le détroit de Taïwan.
Pour aller plus loin
- L’émission de France Culture : Taïwan : champion du semi-conducteur
- Le Top 50 des groupes taïwanais en 2020
- Apple supplier Foxconn is ahead of its peers in diversifying out of China, analyst says
- Taïwan aura du mal à conserver son indépendance
- Semi-conducteurs : Taïwan interdit à ses entreprises d’exporter ses cerveaux vers la Chine
- The Economist: Taïwan, the most dangerous place on earth
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