1Le “great un-retirement” (ou la “grande dé-retraite” si on essaye de le traduire) désigne ce phénomène que l’on constate actuellement dans les économies avancées : le retour des plus de 50 ans dans la vie active.
2La crise du covid a provoqué un départ massif des seniors à la retraite : en octobre 2021, les Etats-Unis par exemple comptaient 3,3 millions de retraités de plus qu’en octobre 2020 (source : Institute for Economic Equity). Que ces départs aient été souhaités ou contraints, les seniors ont été les premiers ciblés lorsque les effectifs ont été réduits.
3Toutefois, la tendance s’est vite retournée puisque l’après-covid a été marqué par une sévère pénurie de main-d’œuvre. Ainsi, ne serait-ce qu’aux Etats-Unis, il manquerait deux millions de travailleurs. Grande démission, grande retraite… mais aussi une raison beaucoup plus tragique dont on peine à parler : “près d’un demi-million de personnes qui auraient dû travailler, sont mortes du covid”, a ainsi déclaré Jerome Powell, président de la Réserve Fédérale américaine, en se fondant sur des études menées par le National Bureau of Economic Research. L’impact de ces décès sur l’économie, aux Etats-Unis comme en Europe, est encore peu discuté, probablement parce que cette réalité est trop difficile à affronter.
4En ce qui concerne les retraités, on note une nette tendance à vouloir revenir dans le monde du travail. Aux Etats-Unis, selon un sondage CNBC, 68 % des personnes “mises à la retraite” pendant le COVID souhaiteraient désormais retravailler. La hausse de l’inflation y est probablement pour beaucoup. Précision importante : rien n’indique une volonté des salariés en activité à travailler plus longtemps.
5Alors que leur besoin en main-d’œuvre s’accroît, les entreprises des économies développées vont devoir s’adapter au vieillissement de la population active puisque, selon l’OCDE, la proportion des plus de 50 ans atteindra 45 % en 2050 contre 37 % en 2020.
6Pourtant, cette tendance inéluctable se heurte aux préjugés des entreprises. Selon une étude mondiale menée en 2021 par Generation, les employeurs, que ce soit en Inde, en Italie, aux Etats-Unis, en Espagne, au Royaume-Uni… déclarent préférer les moins de 45 ans, qui seraient plus en phase avec la culture de l’entreprise. Etude après étude, le constat reste le même : l’âge demeure le premier critère de discrimination à l’embauche.
7Le mélange des générations au sein de l’entreprise est pourtant un atout. Toujours selon l’OCDE, offrir davantage d’opportunités de travail aux plus de 50 ans ferait progresser de 19 % le PNB par habitant des pays développés.
La leçon à en tirer
Je me souviens d’une directrice de la communication qui, à 38 ans, faisait déjà office de “senior”… Comme elle avait fini ses études à 24 ans et avait dû être considérée comme débutante pendant encore quelques années, elle n’a été au “bon” âge que pendant une petite dizaine d’années. Dommage d’avoir fait l’une des meilleures écoles au monde pour n’être considérée comme performante que pendant dix ans. Quelle perte aussi pour ceux qui auront gaspillé cette précieuse intelligence !
Pour aller plus loin
- Resarch: the average age of a successful startup founder is 45, Harvard Business Review
- La perception des discriminations dans l’emploi, Rapport du Défenseur des droits.
- L’âgisme – 7about.fr
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