Tour du monde de la (très lente) décarbonation

Tour du monde de la décarbonation

La décarbonation, on en parle beaucoup mais on en fait (pour le moment) assez peu. Nous vous proposons un tour du monde des mix énergétiques pour mieux comprendre les raisons de la très lente décarbonation de la planète. L’essentiel des sources citées provient de l’ouvrage de Vaclav SmilHow the world really works.

1La décarbonation consiste à réduire la part de la consommation de combustibles fossiles (gaz, pétrole, charbon), émetteurs de gaz à effet de serre. Quelques définitions pour commencer : Energie primaire et énergie finale : les énergies primaires sont celles disponibles dans la nature avant toute transformation (vent, pétrole brut, gaz naturel…). L’énergie finale est celle qui nous est livrée et facturéepour notre consommation (essence à la pompe, électricité à la maison…). Mix énergétique et mix électrique : le mix énergétique est la répartition des différentes sources d’énergies primaires consommées sur une zone géographique donnée. Le mix électrique désigne les sources d’énergie employées pour produire de l’électricité. Distinction importante puisque l’électricité ne représente que 18 % de la consommation mondiale d’énergie.

2La dépendance mondiale aux énergies fossiles n’a que très peu diminué au cours des 20 dernières années. En effet, le mix énergétique mondial est passé de 87 % d’énergies fossiles en 2000 à 85 % en 2020 ! En 2040, la part des énergies fossiles dans le monde devrait demeurer élevée : entre 72 % et 56 % selon les différents scénarios établis par l’Agence Internationale de l’Energie.

3Pour mieux comprendre cette (très) lente marche vers la décarbonation, commençons notre tour du monde par l’Allemagne. Depuis 20 ans et grâce à son programme Energiewende, la part du renouvelable dans la production d’électricité du pays a bondi de 11 % en 2000 à 40 % aujourd’hui. Une prouesse mondiale ! Et pourtant, même avec de tels efforts, la part des combustibles fossiles dans le mix énergétique allemand n’a que très peu diminué en 20 ans : 84 % en 2000 contre 78 % aujourd’hui. L’Allemagne est le symbole même de la très lente décarbonation de la planète (hors électricité).

4Encore plus fort que l’Allemagne, le Danemark produit 80 % de son électricité à partir d’énergies renouvelables et 45 % à partir du seul éolien ! Un résultat exceptionnel obtenu notamment grâce à sa “petite superficie” et à sa forte interconnexion avec les réseaux voisins, suédois et allemand. En cas de besoin, le Danemark peut facilement importer son électricité. Revers de la médaille : le coût de l’électricité danois est le plus élevé d’Europe (source : The Danish Energy Agency).

5Côté Chine, la décarbonation se fait aussi en pente (très) douce : la part des énergies fossiles dans son mix énergétique représentait 93 % en 2000 et 85 % en 2019. Et l’on ne peut même pas parler de progrès puisqu’au cours de la même période, sa demande en combustibles fossiles a quasiment triplé. Avec une population de 1,4 milliard d’habitants, l’explosion de la demande chinoise explique à elle seule pourquoi la part des énergies fossiles dans le mix énergétique mondial est restée stable.

6Aux Etats-Unis, champion mondial de la consommation d’énergie par habitant, la part des combustibles fossiles s’élève à 80 % de son mix énergétique. A noter : le pays a largement diminué sa dépendance au charbon pour la production d’électricité, en le remplaçant par du gaz naturel (moins émetteur de gaz à effet de serre).

7A l’inverse, le Japon recarbonne Alors que les énergies fossiles représentaient 83 % de son mix énergétique en 2000, ce pourcentage est passé à 90 % en 2019. En cause : le traumatisme de Fukushima provoquant l’arrêt de la production nucléaire et par conséquent l’augmentation des importations d’énergies fossiles (source : The Energy and Modelling Center).


La leçon à tirer

Et la France dans tout ça ? Pas si mal… En 2020, notre consommation d’énergie primaire se répartissait entre 46 % d’énergies fossiles (28 % de pétrole, 16 % de gaz naturel, 2 % de charbon), 40 % de nucléaire et 14 % d’énergies renouvelables et déchets (source : SDES, Bilan énergétique de la France)

Surtout, surtout, de NE PAS parler du nucléaire pendant le repas de Noël… 

Pour aller plus loin


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