La “captology”

Captology

1La captology (Computers As Persuasive Technologies) est l’étude des technologies numériques en tant qu’outils modifiant nos pensées et nos comportements. Ce domaine de recherche, encore peu connu, permet de mieux comprendre comment des sites web ou des applications sont conçues pour nous “persuader” d’agir d’une certaine façon.

2Professeur de sciences comportementales à l’Université de Stanford, épicentre de la Silicon Valley, l’inventeur de ce concept, B.J. Fogg a créé le Behavior Design Labpour enseigner cette nouvelle discipline. 

3Surnommé le millionaire maker, B.J. Fogg doit son sobriquet aux nombreuses startups passées par son Lab, dont les dirigeants ont appliqué avec succès ses enseignements. Un exemple ? Mike Krieger, cofondateur d’Instagram dont la toute première version (2006) était un projet pour le cours de B.J. Fogg. Ça fait réfléchir…

4Autre ancien élève : Tristan Harris, ex-Google et fondateur du Center for Humane Technology. Délaissant la voie royale de la tech, ce lanceur d’alerte dénonce les effets nocifs de la captology : les grands acteurs de la technologie en seraient devenus des experts afin de mieux pouvoir influencer le comportement des utilisateurs, même à leurs dépens.

5De la persuasion à l’accoutumance, il n’y a qu’un pas. La technologie est désormais reconnue comme source de dépendance au même titre que l’alcool, la drogue ou le jeu. Affectant nos systèmes de plaisir, elle peut être utilisée pour fuir l’ennui, faciliter les interactions sociales ou échapper à la réalité.

6Deux phénomènes renforcent les risques de dépendance :

  • Le renforcement positif intermittent, c’est-à-dire les récompenses non prévisibles. L’imprévisibilité de la récompense crée l’excitation qui, elle-même, devient addictive. 

Exemple dans la vie “réelle” : les machines à sous.

Exemple dans le monde digital : les “Likes” (combien vais-je gagner de Likes avec cette photo ?). A première vue anodine, cette pratique est aujourd’hui considérée comme une véritable source de dépendance technologique. Une drogue dure…

  • L’approbation sociale. Notre besoin viscéral d’appartenance à un groupe nous entraîne à avoir de plus en plus “d’amis” en ligne, à leur faire savoir ce que nous faisons et à réagir aux événements de ces mêmes “amis” qui, en en retour, confirmeront notre existence en tant que membre du groupe, et ainsi de suite…. Difficile de s’arrêter, non ? 

“It’s a social-validation feedback loop … exactly the kind of thing that a hacker like myself would come up with, because you’re exploiting a vulnerability in human psychology.”

Sean Parker, premier président de Facebook (à propos de l’introduction de la fonction Like en 2009)

7Ces techniques de persuasion sont désormais intégrées dès la conception des sites ou applications, et sont souvent à la source même de leur succès. Les grands acteurs de la tech se sont trouvé un surnom parfaitement clair : les producteurs de tabac en T-shirt. Mieux vaut donc apprendre à (re)connaître ces techniques pour éviter d’en être les victimes non consentantes.

Et on ne peut s’empêcher de conclure avec Bill Maher, humoriste américain : 

“Philip Morris just wanted your lungs. The App Store wants your soul.”


La leçon à tirer

Surtout que cela ne vous empêche pas de nous liker ! Je plaisante bien sûr… ou pas. 

Pour aller plus loin


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