1Au fil du temps, quel que soit le climat, le béton se fissure et se fragilise. La solution ? Démolir et reconstruire, ou réparer. Or, ces deux solutions coûtent très cher d’un point de vue financier et environnemental. C’est pourquoi de multiples solutions permettant à ce matériau de s’auto-régénérer sont en cours de développement.
2Le béton est donc un matériau qui s’abîme sauf… dans les constructions antiques. Se penchant sur ce mystère, les chercheurs du MIT ont trouvé la solution de l’énigme : les Romains incorporaient dans leur béton des petits grumeaux blancs composés de carbonates de calcium, ayant la capacité sous l’action de l’eau de former une solution riche en calcium qui, en séchant et en se solidifiant, remplit automatiquement les fissures éventuelles.
3Dans le même ordre d’idée, Henk Jonkers, microbiologiste à l’Université de Delft, a créé un béton auto-cicatrisant en y ajoutant des bactéries capables de survivre 200 ans. Lorsqu’une fissure apparaît, laissant entrer l’air et l’humidité, ces bactéries sécrètent du calcaire qui referme les fissures. Encore mieux, il est possible de pulvériser ces bactéries sur les fissures apparues dans du béton conventionnel… qui se rebouchent comme par magie ! Les brevets déposés sont exploités par la startup Basilisk.
4Deux autres pistes à suivre :
- le béton de champignon… Mais si, mais si ! Parmi les nombreux projets à l’étude, celui de Achiya Livne, doctorant à l’université Ben-Gourion du Néguev, qui a développé un bloc de construction à base de mycélium, aussi solide et isolant que le béton, capable en outre d’absorber le CO2.
- Encore plus étonnant, le béton à base de déchets, de bactéries et d’urée, fabriqué à température ambiante ! Ce biociment, créé par des chercheurs de Singapour, consomme moins d’énergie et moins d’eau, n’utilise ni sable ni argile, ne produit pas de CO2, et permet de recycler des déchets. Bonus : il est plus résistant que le ciment conventionnel.
5L’impact de ces solutions est énorme car le béton est le matériau de construction le plus utilisé dans le monde avec 4,6 milliards de tonnes chaque année, soit plus d’une demi-tonne par personne. Cette consommation a doublé depuis les années 2000 et devrait encore doubler d’ici 2040.
6La production de béton génère environ 8 % des émissions annuelles de CO2 mondiales. Moins que le secteur agricole (12 %) mais plus que le transport aérien (2,5 %). Fabriqué à partir d’un mélange d’eau, de sable, de gravier et de ciment (calcaire et argile), le béton provoque d’énormes problèmes environnementaux :
- extraction massive de sable, matériau naturel non renouvelable
- consommation d’eau (un dixième des ressources en eau du secteur industriel)
- artificialisation des sols
Par ailleurs, l’une des étapes essentielles de la fabrication du béton – la clinkérisation – requiert de très hautes températures (jusqu’à 1 500 °C) et produit donc une quantité importante de CO2.
7Les nouveaux bétons symbolisent cette innovation qui puise son inspiration dans le passé, loin du techno-solutionnisme.
La leçon à retenir
Il y a tant de possibilités intéressantes qui nous permettraient de continuer à nous développer, sans mettre en danger notre environnement et notre survie en tant qu’espèce. Nous nous hâtons fort lentement… Quel choc nous faudra-t-il pour accélérer ?
Pour aller plus loin
- Climate change: The massive CO2 emitter you may not know about – BBC News
- La construction écologique : les alternatives durables au ciment
- Un béton autoréparant, le secret de la longévité des constructions romaines – Le Temps
- Le béton, mis au défi des enjeux environnementaux – La fabrique écologique
- LE BÉTON : COMMENT LE MATÉRIAU LE PLUS UTILISÉ PAR L’HUMANITÉ VA SE TRANSFORMER – rtflash.fr
- Riddle solved: Why was Roman concrete so durable? | MIT News
Cet article vous a plu ? N’hésitez pas à le faire suivre à vos amis… Vous pouvez aussi vous abonner à notre Newsletter pour recevoir nos articles directement dans votre boîte mail chaque vendredi.