1Le techno-solutionnisme (ou solutionnisme technophile) caractérise le courant de pensée selon lequel la technologie peut résoudre tous les grands problèmes du monde : la faim, la criminalité, le changement climatique…
2Très présent dans la Silicon Valley, le techno-solutionnisme est incarné par les figures emblématiques des GAFAM.
« Si nous nous y prenons bien, je pense que nous pouvons réparer tous les problèmes du monde. » Eric Schmidt, ex-président exécutif de Google
3La remise en cause. Le terme solutionnisme technologique a été inventé par Evgeny Morozov, intellectuel biélorusse, pour dénoncer les dérives de cet état d’esprit. Dans son livre “Pour tout résoudre, cliquez ici”, il décrit deux concepts clés :
- le solutionnisme : la conviction, aberrante selon Morozov, que tous les problèmes peuvent être résolus et que tous les aspects de notre vie peuvent être améliorés ;
- L’Internet-centrisme : le fait d’exagérer les capacités de l’Internet à transformer pour le mieux l’ensemble de la société. Dans la logique de l’Internet-centrisme, l’environnement et la société doivent s’adapter aux technologies, et non l’inverse.
4De la révolte des canuts à celle des Luddites, le rejet de la technologie a toujours eu ses partisans. Pourtant, le techno-solutionnisme ne s’inscrit pas dans ce courant. Il ne s’agit pas de refuser la technologie mais de s’opposer au postulat selon lequel tout problème trouvera une solution technologique.
5Le techno-solutionnisme peut conduire à plusieurs dérives :
- Une vision étroite : nous ne nous imaginons pas comme une composante d’un écosystème mais comme une puissance disposant d’outils (Internet, ordinateurs) pour maîtriser notre environnement.
- Une accoutumance accrue à la technologie comme panacée à tous nos maux, sans prise en compte des conséquences éthiques, sociales et environnementales.
- Une capacité plus réduite à résoudre des problèmes : en adoptant une mentalité simpliste de “baguette magique”, nous oublions qu’il existe déjà des solutions dans le monde “réel”.
6Pour ses détracteurs, le techno-solutionnisme s’avère même dangereux. Comme le souligne l’explorateur Bertrand Piccard, penser “qu’on trouvera, dans le futur, des solutions pour réparer les erreurs d’aujourd’hui » peut servir à justifier des décisions ou comportements que l’on sait d’ores et déjà dommageables.
7Nous supportons difficilement l’absence de contrôle. Si le techno-solutionnisme est si répandu, c’est qu’il nous permet d’imaginer que nous le conservons…
“Puisque ces mystères nous dépassent, feignons d’en être l’organisateur”. Jean Cocteau
La leçon à retenir
Mieux vaut prévenir que guérir ! Ça coûte moins cher et c’est plus sûr…
Pour aller plus loin
- L’article originel d’Evgeny Morozov sur le solutionnisme (New York Times)
- Le livre d’Evgeny Morozov : To Save Everything, Click Here
- Why I’m a proud solutionist, par Jason Crawford (The MIT Review)
- Les “kimchi problems” de Ben Horowitz – 7about.fr
- La boîte à problèmes de Ray Dalio – 7about.fr
- Les aspirateurs à CO2, l’espoir de la neutralité carbone – 7about.fr
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