1. Afin de combattre le réchauffement climatique, deux techniques sont actuellement développées pour capter le CO2 et le neutraliser, soit en le stockant, soit en le réutilisant :
- le captage à la source des émissions industrielles (Carbon Capture and Storage – CCS), directement sur le site de “production” du CO2
- le captage direct dans l’air ambiant (Direct Air Capture – DAC) via d’immenses “aspirateurs” à CO2
2. Cet été, le ministère de l’énergie américain a attribué une première tranche de subventions de 1,2 milliard de dollars à deux projets d’usine de captage direct :
- le South Texas DAC Hub, créé par la compagnie pétrolière et gazière américaine Occidental Petroleum (OXY)
- le Project Cypress DAC Hub en Louisiane, partenariat entre l’organisation à but non lucratif Battelle, la start-up suisse Climeworks et la startup américaine Heirloom Carbon Technologies
L’enveloppe totale est de 3,5 milliards de dollars pour un objectif final de quatre centres de captage installés aux Etats-Unis.
3. Ces deux projets devraient permettre d’extraire jusqu’à 40 millions de tonnes de CO2 par an, à mettre en balance avec les 10 milliards de tonnes que nous devrions avoir à capter chaque année (estimations de l’ONU pour 2050) si nous voulons limiter le réchauffement de la planète à moins de 2°C. Un détail…
4. Ces techniques coûtent cher, très cher. Actuellement, le captage et le stockage d’une tonne de CO2 coûtent plusieurs centaines d’euros. Même à 100 dollars la tonne, traiter 10 milliards de tonnes revient donc à 1 000 milliards de dollars.
5. Question suivante : que faire du CO2 capté ? Plusieurs possibilités :
- l’enfouir dans des puits souterrains (les générations suivantes nous diront merci)
- accélérer le processus de minéralisation du CO2 (le carbone est durci pour en faire un minéral, pouvant par exemple être intégré à du béton)
- utiliser une (toute petite) partie de ce CO2 pour fabriquer des engrais ou des boissons gazeuses
6. Nous ne parviendrons probablement pas à trouver un usage à tout ce CO2 capté, permettant de financer ces infrastructures. La charge en reviendra donc aux Etats, à savoir nous et nos descendants. De plus, bien sûr, ces usines consommeront des ressources naturelles, de l’énergie, de l’eau, de la terre (sous-sol inclus)…
7. Enfin, les compagnies pétrolières et gazières pourraient bien considérer qu’on leur donne ainsi un permis de tuer… de continuer à polluer pour les décennies à venir, comme l’a déclaré le CEO d’Exxon dans une interview en 2022.
La leçon à retenir
“Mieux vaut prévenir que guérir”. C’est comme le style : éternel…
Pour aller plus loin
- Les aspirateurs à CO2, l’espoir de la neutralité carbone – 7about.fr
- Carbon removal hype is becoming a dangerous distraction | MIT Technology Review
- UN Climate Change Annual Report 2017
- Climate Change 2023: Synthesis Report | UNEP – UN Environment Programme
- Les implications de la minéralisation du carbone dans le contexte de la crise climatique – Carbicrete
- Making Minerals-How Growing Rocks Can Help Reduce Carbon Emissions | U.S. Geological Survey
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