Le syndrome de la Silicon Valley

Le syndrome de la Silicon Valley

1Le syndrome de la Silicon Valley désigne les conséquences engendrées par la concentration d’un secteur high tech et de son financement, sur l’économie générale d’une région.

2Ce syndrome a été théorisé par Olav Sorenson, professeur de sociologie et de stratégie à UCLA, et Mary C. Tanner, banquière d’investissement et dirigeante d’entreprises.

3Considérée comme l’épicentre mondial de la technologie et de l’innovation, la Silicon Valley s’étend sur 200 kilomètres carrés environ, au sud de San Francisco. Elle accueille la plus forte concentration mondiale de milliardaires au mètre carré, héberge notamment les sièges d’Apple, de Google et de Facebook, et draine près de 40 % des 156 milliards de dollars investis en capital risque aux Etats-Unis. Tout ce petit monde se côtoie et gravite autour de l’université de Stanford, bénéficiant de 38 milliards de dollars de dotation.

4Cette concentration est renforcée par la “one hour rule”. En effet, on a constaté que les capitaux risqueurs (VC pour Venture Capital) investissent majoritairement dans des entreprises proches de leurs bureaux (moins d’une heure), car ils font confiance à des entreprises créées par des membres de leur réseau et donc le plus souvent proches géographiquement. Sans compter qu’avoir ces dirigeants “sous la main”, permet de les aider, ou… de les contrôler, plus facilement. 

5Le syndrome de la Silicon Valley décrit les effets de cette concentration unique au monde de technologies et de capitaux.

  • Les gagnants : les services locaux tels que les restaurants, les services médicaux, les agents immobiliers, les salons de coiffure… s’enrichissent car ils bénéficient d’une clientèle de proximité très aisée.
  • Les perdants : les entreprises locales (hors tech) dont les clients se trouvent en dehors de la région, voient leurs coûts augmenter (immobilier, salaires…), perdent en compétitivité et sont amenées soit à s’exiler, soit à mettre la clef sous la porte.

6Ce syndrome d’hyper concentration de richesses sur une zone réduite n’est pas spécifique à la Silicon Valley. Un phénomène semblable, connu sous le nom de Dutch Disease, s’est produit aux Pays-Bas, dans les années 1960, lors de la découverte de réserves de gaz naturel au large des côtes néerlandaises. La monnaie néerlandaise a alors augmenté, accroissant le prix à l’exportation des produits locaux. En parallèle, ces mêmes entreprises locales ont perdu leurs salariés, attirés par les meilleures rémunérations de l’industrie gazière. Conséquence ? Le secteur du gaz en est sorti gagnant, à l’inverse du reste de l’économie qui s’en est trouvée affaiblie. 

7Quel décideur ne rêverait pas de créer sa propre Silicon Valley ? Si les bénéfices sont indéniables, les conséquences plus lointaines de fragilisation du reste de l’économie locale, ne sont que rarement envisagées. D’où l’intérêt de bien connaître le syndrome de la Silicon Valley…


La leçon à retenir

Comme disent les Anglais, “be careful what you wish for”… 

Pour aller plus loin


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